Orismond, c’était mon grand-père. Orismond, voilà un prénom que l’on ne rencontre pas souvent. Pour être sûr qu’on l’appellerait toujours ainsi, son oncle ne lui donna que ce prénom-là.
Quand il était jeune, il habitait avec ses parents ; ils avaient une belle ferme au bout d’une "chasse", sur le sommet du mont Ferey. Ils trayaient quelques vaches et, on peut le dire, ils travaillaient un peu en dilettante, ils allaient quelquefois traire vers 22 ou 23 heures. Les relations de voisinage n’étaient pas toujours très bonnes car les voisins disposaient d’un droit de passage dans leur cour. Orismond était pêcheur et avait une plate à la Mare, il tendait quelques nasses et quelques claies pour pêcher de la crevette, des araignées de mer ou des homards.
Quand il eut l’âge, comme il était pêcheur, il partit faire son service militaire dans la marine.
Pour voir du pays, il en vit. Il fut parti quatre ans et alla jusqu’au Japon. Il n’écrivit pas à ses parents, cela ne l’empêcha pas de penser à eux puisqu’il leur rapporta un beau service à thé en porcelaine de Chine et trois petites cuillères en argent de Nagasaki.
Son service terminé, il débarqua à Toulon, vint à Marseille, laissa son sac à la consigne de la gare Saint Charles, prit son billet pour Réville et s’en alla dépenser son argent.
Vous pensez bien que ça ne fut pas long. Quand il n’eut plus rien, il rentra à Réville, descendit du train à la gare et s’en alla au café car il avait très soif.
Vous vous doutez bien de ce qui arriva, les Révillais qui venaient expédier leurs choux, après avoir déchargé la voiture, venaient prendre une "moque" de cidre au café pour se ragaillardir. Tous les uns après les autres s’asseyaient à la table d’Orismond.
"Te voilà rentré Orismond ! ça fait un bon moment qu’on ne t’avait vu ! Quatre ans ! C’est long le service militaire ! Tu as dû en voir du pays ! Tu es allé au Japon ? Un pays bizarre, probablement ! Allez la patronne resservez-nous une "moque" de cidre et un café avec une mesure d’eau-de-vie et de la bonne ! On ne buvait sans doute ni cidre ni calvados dans ces pays-là. "
... Quatre personnes, quatre portraits de famille : Rismond le gardien de phare, la mère Gugu, arrière grand-mère de l’auteur, Drienne (Adrienne, "qu’a tréjous-z-eu des pétiots tcheu lyi en pus des syins") et "M’n ounclle" : "Ah ! Ct’i lo, vous pouvaez paé le r’niaer, ch’est vous tout récopi que disaient les gens. Ch’est pouortaunt paé le myin, ch’est le syin à men frère que répounait m’n ounclle.
Auteur : Maurice Fichet
Souvenirs de famille
Roman bilingue Normand/Français
Editions Magène
Broché
120 pages
ISBN : 9 791091 566155
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